En France, on estime qu’entre 310 000 et 360 000 salariés courent le risque d’une exposition aux poussières de bois. La moitié de ces travailleurs évoluent dans le secteur du BTP, où cette menace est particulièrement prégnante. Il est essentiel de noter que les poussières de bois représentent la deuxième cause majeure de cancers professionnels, juste derrière l’amiante.
Elles sont associées à 45% des cas de cancers des fosses nasales et des sinus. De plus, il ne faut pas oublier les dangers supplémentaires liés aux produits utilisés pour le traitement du bois, tels que les colles, les vernis, les peintures, les solvants et les décapants. Souvent mal identifiés, ces produits peuvent aggraver la situation. Il est donc impératif de prendre ces risques au sérieux et de s’en préoccuper sérieusement.
Les méfaits sur la santé : de l’allergie au cancer
L’exposition aux poussières de bois peut entraîner :
- Des affections cutanées,
- Des affections des voies respiratoires (rhinites allergiques et/ou irritatives, sinusites, asthme…)
- Des cancers des sinus et des fosses nasales par inhalation
L’évolution du cancer naso-sinusien est lente et peut apparaître de longues années après la période d’exposition.
Quels travaux sont concernés par les poussières de bois ?
Les salariés les plus exposés aux poussières de bois dans le BTP réalisent :
- Des opérations de ponçage sans système d’aspiration à la source
- Des opérations de nettoyage au balai ou à la soufflette
- Des travaux de découpe ou de transformation du bois
Des taux d’empoussièrement contrôlés
Sur le terrain, des mesures indiquent qu’un salarié travaillant en atelier est soumis à un empoussièrement proche d’1 mg/m³, valeur devenue la norme depuis le 1er juillet 2005. A l’inverse, on a pu vérifier expérimentalement sur chantier que la valeur d’exposition d’un opérateur qui réalisait des travaux de ponçage à l’extérieur était de 2,5 mg/m³.
Quelles protections collectives et individuelles pour lutter contre ces poussières ?
La protection collective comprend plusieurs mesures essentielles. Il est crucial d’entretenir et de surveiller régulièrement les systèmes d’aspiration, en vérifiant le débit et l’état des filtres. En cas d’inefficacité ou d’absence de protections collectives, il est impératif de porter un masque respiratoire de type FFP3. Il est également strictement interdit de boire, de manger ou de fumer sur les lieux de travail.
Pour la manipulation de bois exotiques particulièrement allergisants, il est recommandé de porter une tenue de travail fermée au niveau du cou et des poignets.
En outre, il est essentiel de respecter les règles d’hygiène, notamment en se lavant les mains, en prenant une douche en fin de travail, en disposant d’un vestiaire séparé pour les tenues de travail et les vêtements de ville, et en veillant au lavage et au remplacement fréquent des tenues de travail.
La protection individuelle exige également des mesures spécifiques. Les machines fixes doivent être reliées à un système d’aspiration centralisé, et les postes de ponçage doivent être isolés des zones de montage. Les outils électroportatifs doivent être connectés à un système d’aspiration haute dépression ou à un aspirateur mobile de classe M.
L’entretien de l’atelier doit se faire par aspiration, en évitant l’utilisation du balai et de la soufflette, qui pourraient remettre les poussières en suspension. La lecture attentive de la fiche de données de sécurité (FDS) est également recommandée, tout comme la mesure régulière de l’empoussièrement de l’atelier, au moins une fois par an.
La règlementation
Comme pour toute activité exposant les salariés à des agents cancérogènes, le travail du bois exige du dirigeant d’entreprise qu’il procède à une évaluation des risques consignée dans le document unique (DUER).
L’employeur doit tout mettre en œuvre pour réduire le plus possible l’exposition aux risques. Il doit donc prendre en compte le plan technique et organisationnel, mettre en place des protections collectives et individuelles, et contrôler régulièrement la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP*= 1mg/m³).
Les poussières de bois sont des agents cancérogènes (CMR). Les salariés exposés doivent être déclarés par l’employeur en Suivi Individuel Renforcé (SIR).
* Contrôle de la VLEP tous les ans par un organisme agréé